vautrin exposition presse | Ils ont écrit

Ils ont écrits

Jacques Henry a écrit…

USA, ton histoire fout le camp.

Ils se sont mis en marche. Ils s’en vont. Ils partent tous.
Là vers ou ils vont n’a pas d’adresse, ou plus de limite :
une voie couleur bubble-gum vitaminé, constellée de motels,
ouvertes sur la perspective granitique des caniveaux,
vers un désert aseptisé et balisé de poubelles ciselées comme des limonaires.
Ils désertent comme des héros de bande dessinées rescapés de leur histoire, clônes aimantés sur le point de fuite du paysage.
USA, ton histoire fou le camp…
L’apocalypse s’est produite avec la discrétion sereine d’un tsunami en haute mer : l’Amérique vient de sortir de son histoire.
Ce ressac imperceptible a versé une larme de Pacifique dans le whisky de Vautrin.
C’est à ce moment précis que l’histoire recommence, car à l’habitude,Vautrin, pour tout dire de son intimité, consomme son whisky pur.
Et cette facétie gustative a produit, au tréfonds de sa rétine, un étrange concours d’images.
Il y a au confins du Colorado, un bâtard planté dans le sable, fiché d’un béret basque agité par les vents du désert, qui dit la précipitation de la manœuvre.
C’est ici que tout a recommencé, le temps d’un vol de Lemmings
du haut des canyons.Vautrin n’existe pas ; c’est une illusion d’optique : 200 grammes de peinture pour fixer un dernier terrain vague, sur l’encadrement de ses métastase, au-delà d’une une ultime frontière.
Ce genre de quiproquo n’a qu’un précèdent millénaire: le voyeur myope a encore frappé, en ajoutant un épisode à la sentence tracée contre Balthazar l’orgiaste, sur les murs de Babylone, par le doigt calamiteux du destin : « compté, pesé, divisé ».
Il y a une dernière image, qui ancre cette réalité future à l’iconographie des drugstores : la photo de Superman sur un trottoir.
A ceux que hantent le sens de la vie, des Drugstores, des Superman
et des Poubelles, il faut ouvrir les couvercles : les fonds de poubelles sont jonchées de paquets de billets verts.
Changez les vôtres contre des Vautrin ; c’est le seul procédé cryogénique fiable sur le marché.
Jacques Henry

Régis Benichi a écrit…

Cher et vénéré maître

Dans tous les tableaux de l’annonciation que nous ont transmis les enlumineurs, les créatifs moyenâgeux, les artistes renaissants et même les modernes,il y a des éléments incontournables, une authentique vierge avec certificat céleste, un ange voyageur venant tout juste de replier ses ailes pour réussir une parfaite génuflexion, un intérieur sobre avec fenêtre ouvrant sur un paysage mystérieux mais arboré, le plus souvent des fleurs, de préférence des lys, et des couleur pastel particulièrement apaisantes. La vierge à généralement le visage penché mais arbore un sourire rayonnant et une grande joie intérieure ( elle vient d’apprendre une heureuse nouvelle, bien que surprenante ), l’ange est plein de déférence, très avenant et fier du scoop qu’il vient d’apporter, un beau cadeau de Noël même s’il y a un délai de livraison un peu long ; le paysage est quelque peu accidenté mais baigné de soleil. Mais je vois qu’en artiste aussi contemporain qu’indépendant, tu fais fi de la tradition. Sur ton opus maximum, je constate que le messager dissimulé sous son chapeau semble quelque peu accablé par le message dont on l’a chargé, la vierge ( vraiment ? ) semble ravie de la nouvelle mais sa tenue pourrait offusquer un bien pensant et lui occasionner quelque refroidissement et l’environnement s’écarte franchement des leçons transmises par les anciens. Je ne peux donc que te féliciter pour une interprétation nouvelle et audacieuse d’un classique de l’iconographie, un ‘’ marronnier ‘’ de la peinture en quelque sorte Je joins à ce commentaire artistique libre tous mes vœux pour cette, à n’en pas douter ‘’ créative année ‘’ , ‘’ l’année du renouveau’’ selon l’oracle de l’Elysée un spécialiste de l’annonce faite à Marie, Paul, Pierre, Jean-François et tous les autres. Que les oiseaux du ciel te couvrent de leur bénédiction.

Régis Benichi